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Du verre sous nos routes

Un projet pilote qui offre une alternative à l'enfouissement pour l'excédent de verre récupéré

Dans le cadre d'un projet pilote mené par le professeur Claude Lupien, du verre provenant de la collecte sélective a été employé dans la sous-fondation des voies d'accès de l'écocentre Rose-Cohen de Sherbrooke.
Dans le cadre d'un projet pilote mené par le professeur Claude Lupien, du verre provenant de la collecte sélective a été employé dans la sous-fondation des voies d'accès de l'écocentre Rose-Cohen de Sherbrooke.
Photo : Martin Blache

30 août 2007

Robin Renaud et Marty Meunier

Saviez-vous que le chemin qui vous conduit au site de l'Écocentre de la rue Pépin à Sherbrooke est une route de verre? Mais ne vous en faites pas, vos pneus sont à l'abri des crevaisons puisque le verre concassé est enfoui dans la sous-fondation de la chaussée. Ce projet pilote a démontré les propriétés du verre concassé comme matériau de remblai pour la construction de routes. Il pourrait donner une seconde vie à une partie des contenants de verre récupérés, lorsque d'autres débouchés ne sont pas possibles.

C'est à la fin de 2005 que le spécialiste du domaine des chaussées Claude Lupien, professeur au Département de génie civil, a obtenu le mandat de Recyc-Québec d'étudier la possibilité d'employer le verre provenant de la collecte sélective dans la structure d'une chaussée. La Ville de Sherbrooke, partenaire du projet, avait accumulé quelque 1000 tonnes de verre à son centre de tri et de récupération.

Après avoir consulté la littérature en vue de tirer profit des recommandations des autres spécialistes qui se sont penchés sur cette thématique, les experts du Département de génie civil ont proposé diverses options, dont celle de constituer la base de la sous-fondation du chemin entièrement en verre concassé.

Le professeur Lupien a cependant mis en garde les autorités de ne pas utiliser le verre concassé dans les chaussées qui comportent des conduites souterraines afin d'éviter les blessures lors des réparations futures. De plus, il a proscrit son utilisation dans une chaussée non revêtue parce qu'avec les opérations d'entretien à la niveleuse, le verre pourrait se retrouver à la surface.

En novembre 2005, l'équipe des travaux publics de la Ville de Sherbrooke a débuté les travaux sur une surface de terrain très humide de l'Écocentre. Une épaisseur de 450 mm de verre brisé a été mise en place pour faciliter le passage à répétition de camions. Le matériau a été épandu à l'aide d'un tracteur, qui a effectué une première compaction. Puis, un rouleau compresseur de cinq tonnes a terminé l'opération en y effectuant plusieurs va-et-vient. Les responsables de chantier ont estimé que ce type de matériau présentait un meilleur comportement que la pierre concassée habituellement employée dans des conditions similaires.

«Le verre brisé présente des propriétés intéressantes pour un matériau de chaussée puisqu'il est très perméable et peu susceptible au gel, deux propriétés recherchées pour les matériaux de sous-fondation», explique le professeur Claude Lupien. D'ailleurs, les observations faites sur le terrain au moyen de trois repères de nivellement démontrent que la chaussée demeure en excellente condition.

Une alternative à l'enfouissement

Actuellement, le recyclage du verre pose un certain nombre de problèmes. D'une part, il y a des coûts liés à son transport. D'autre part, le verre récupéré contient près de 3 % de débris de toutes sortes, dont principalement des étiquettes de papier et des bouchons métalliques. Pour être recyclé, le verre doit être concassé et tamisé afin d'en extraire une partie des débris, ce qui engendre également des coûts. Le verre décontaminé est ensuite refilé à des recycleurs. Cependant il arrive qu'un certain volume de verre récupéré ne trouve pas de débouché. «Or, le verre employé pour la sous-fondation d'un chemin n'a pas besoin d'être décontaminé, explique le chercheur. Il est donc relativement simple de l'utiliser comme matériau alternatif.»

Cependant le professeur Lupien se fait clair quant à la portée de ce projet pilote. Selon lui, l'utilisation de verre dans la construction de routes doit demeurer marginale. «L'utilisation de verre récupéré dans la construction de routes n'est pas une option idéale pour revaloriser le verre, mais plutôt une solution temporaire pour éviter de devoir envoyer de petits volumes résiduels de verre usagé dans les sites d'enfouissement», précise-t-il.

Malgré des connaissances encore limitées pour son utilisation dans la construction, le verre usagé fait l'objet d'autres projets, notamment pour entrer dans la composition de recettes de béton. En attendant, vous savez maintenant ce qui se cache sous l'asphalte de l'Écocentre de Sherbrooke!

Lien contextuel

Écocentre de Sherbrooke